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Le signe de Tanit de Abdelaziz Belkhodja

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mardi 8 juin 2010

Je dois avouer que malgré ma passion pour la lecture, je ne me suis jamais intéressé aux œuvres de mes compatriotes (exception faite pour Ali Douaji, mais ça c'est parce qu'on m'y a obligé à l'école!). Ce ''snobisme'' était surtout dû à leur visibilité. Rares sont les fois ou je suis entré dans une librairie et suis tombé sur un plein rayon d'auteurs tunisiens. Et les rares fois ou je me suis effectivement trouvé nez à nez avec un tel rayon, j'étais la plus part du temps rebuté par leur aspect. Je suis désolé de le dire, mais le livre tunisien n'est vraiment pas sexy et ne me donne pas du tout envie de l'acheter, surtout quand je le compare aux autres éditions ''étrangères''.
Mais la raison principale la voilà: Il n'y a rien qui m'excite dans la paysage livresque tunisien. Je trouve que les sujets sont à peu près les mêmes, les décors sont à peu près les mêmes et les styles sont à peu près les mêmes. J'ai toujours l'impression que je mourrais d'ennui si j'en lisais un. Et en plus presque rien n'est fait par les professionnels du métier ni les médias pour me faire changer d'avis. Parce que j'ai envie de changer d'avis.
J'ai sincèrement envie de combler cette lacune et de découvrir nos talents (ou pas) tunisiens, sinon les aimer au mois avoir ma propre idée sur la question (j'ai d'ailleurs commencé à suivre avec intérêt le talk show hebdomadaire de Emna Louzir sur RTCI consacré justement aux écrivains tunisiens. Pas mal du tout). Et c'est armé de cette résolution que je suis allé explorer le rayon livres de chez Carrefour, ce qui est-je vous l'accorde- pas très glamour pour un livre. C'est là que j'ai trouvé ce livre-ci : Le Signe de Tanit de Abdelaziz Belkhodja (au milieu d'une centaine de recueils de Tahar El Fezaa) et je me suis dit pourquoi pas.
Dèjà la première nouveauté c'est qu'il s'agit d'un Thriller (du moins c'est ce qu'il clame à la couverture). L'histoire s'articule autour d'une chasse au trésor datant de la Rome antique, que Hitler lui même avait convoité mais en vain. Ce trésor refait surface grâce à une étrange médaille du 3éme Reich ornée du signe de Tanit. Du coup 2 archéologues, un groupe d'intégristes islamistes, le mossad Israëlien et un riche allemand entrent dans une course effrénée pour rafler la mise.Vous comprendrez alors mon excitation lorsque je suis tombé dessus et acheté sur le coup.
Après lecture l'excitation est beaucoup plus modérée. Devant l'immense potentiel que recèle le livre, je ne comprends pas pourquoi l'auteur a décidé de le traiter par dessus la jambe. Le tout est vite expédié en 206 pages avec Happy Ending en prime. La narration est tout ce qu'il y a de plus linéaire, les personnages n'ont aucune profondeur, leurs motivations demeurent obscures. Une histoire d'amour nait sans crier gare au détour d'une page, un intégriste échappé de prison après 14 ans d'incarcération renonce à sa cause et devient ''gentil'', un riche allemand est tout à fait prêt à partager le trésor avec les deux héros principaux... Bienvenue dans le monde merveilleux de l'espionnage à la tunisienne.
Je ne demandais pas grand chose pourtant, je ne voulais pas un John le Carré ni un un Robert Ludlum... Mais je suis très déçu devant tout ce gâchis ou rien ne brille et pas seulement le style (Soudain, il eut une idée.... ). Je me refuse à croire que c'est bien là la volonté de l'écrivain. Même le roman de gare a ses propres codes alors que dire du polar. Dommage, vraiment.
L'autre aspect qui m'a aussi agacé c'est l'édition du livre: Format A5, caractère Times New Roman 12, interligne simple. Point. Il n'y a même pas le mot FIN à la fin du livre. Du travail d'amateur très proche d'un mémoire de fin d'étude. Très décevant surtout si l'on sait que l'auteur Abdelaziz Belkhodja est aussi le patron de sa maison d'édition Appolonia. Encore dommage.
J'ai quand même fini le livre qui, je l'avoue, demeure assez sympathique (peut être à cause du cadre Carthaginois?) L'auteur en profite aussi pour distiller (grossièrement) quelques critiques sur un peu tout: politique, religion, intégrisme... mais sans plus. Dommage qu'il n'ait pas voulu dépasser le simple stade de roman de vacances pour créer un ''vrai'' roman d'espionnage Tunisien.
En tout cas, l'expérience ne m'a pas débouté: j'ai aussi acheté un 2ème livre du même auteur: Le retour de l'éléphant. Plus humoristique cette fois. J'en parlerai probablement prochainement.


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