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Ma contribution au Projet: Cher Moi.

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mardi 18 juin 2013

Le projet « Cher moi » est très largement inspiré d’une anthologie américaine intitulée « Dear me » où des artistes comme Stephen King – pour ce qui est des écrivains – ou encore Wiliam Shatner – pour ce qui est des acteurs de cinéma – se sont prêtés au jeu de la lettre. L’idée est simple en apparence : qu’écririez-vous au jeune ado que vous étiez à 16 ans ? Pour ma part, j'ai eu vent de cette initiative par mon ami Jeremy Semet, jeune auteur de son état (dont vous pouvez suivre les Actus sur son excellent Blog d'auteur ici). L'entreprise m'a plu et je me suis lancé, voici ce que ça donne:  

Cher Toi/Moi,

D'abord, tu vas arrêter de faire cette tête, oui c'est bien moi, ton toi à 32 balais qui t'envoie à toi, donc moi à 16 piges, une lettre, c'est pas compliqué non? Ne réponds pas, elle était purement rhétorique la question. Juste assieds toi, faut que te parle.

Alors si je me souviens bien, là tu es en 1996-1997 et je te le dis tout de suite, j'arrive pile au bon moment parce que tu es sur le point de faire la pire connerie de ta vie. Je te vois encore, avec tes boutons encore purulents sur la gueule, tes lunettes à monture épaisse et ton bouc qui ne rime à rien, faisant mine de réfléchir, de peser le pour et le contre concernant ton orientation scolaire. Eh ouais, tu es en cinquième secondaire, il te faudra faire un choix sur la filière à suivre pour le restant de ton cursus jusqu'au bac, puis à l'université bien après. Tu as choisi les maths, tu t'en doutes déjà. Tu t'étais dit que ce serait la filière qui te permettrait de filer doux avec le minimum de casse... c'était pas faux, mais t'étais tout le temps juste ''moyen''. Jusque-là, pas trop de sueur. Mais c'est à la fac que ça va chier pour toi. Oué, je te la fais courte, les premières années seront les pires de toute ta vie, que ce soit dans les études (l'économie/gestion, ça craint) ou dans ta vie privée où ce sera vraiment le grand n'importe quoi (gros orages avec les parents, houla!). Tu limiteras les dégâts tant bien que mal mais tu arracheras ton diplôme de Commerce International à cette foutue École Supérieure de Commerce (on l'appelle Supérieure parce que tout le monde s'y croit supérieur).

Mais c'est SUPER! t'exclameras-tu avec ton sourire idiot. Ben oui et non. Oui parce que c'est un excellent diplôme. Non, parce qu'avec la conjoncture merdique du pays, ce diplôme tu t'en es torché le cul. Le chômage battant son plein, tu as dû te rabattre sur un centre d'appel où tu t'es joyeusement fait exploiter pendant 4 longues années de ta vie. Pas vraiment ce dont on rêvait, je sais. Mais bon, tu en sortiras au bout du compte et tu trouveras un poste de responsable administratif dans une boite anonyme qui continuera à t'exploiter, mais au mois là tu as plus de perspectives d'évolution.

Mais c'est AFFREUX! protesteras-tu dans une moue tout aussi idiote. Oui et non.
Oui parce que même si tu  as un revenu régulier et de meilleures perspectives, ce n'est pas encore la joie et tes fins de mois ne sont pas toujours assurées. En plus, ça ne fait de toute façon pas de toi un homme plus épanoui.
Et non, parce que tu passes à côté de l'essentiel: C'est durant ces 4 ans que tu as passés dans l'enfer des Call-Centers que tu en apprendras plus sur toi-même, sur la trempe dont tu es fait et sur ce que tu vaux vraiment. C'est là que tu feras des rencontres de toutes sortes, avec plein de gens, les bons comme les mauvais, ce qui te permettra d'acquérir un don infaillible pour repérer les connards et jauger les personnes au premier coup d’œil.  

Plus encore, c'est durant cette période que tu te découvriras des talents que tu n'imaginais pas. Tu vas te mettre à la photographie et tu vas y exceller, comme une seconde nature (je te filerai bien l'adresse de mon site, mais vu que tu l'as pas encore créé, bah il existe pas encore). Et puis tu te rappelles cette chronique de film que t'avais envoyé au journal local? Continue à le faire parce que maintenant tu as ton propre blog musical et cinéma et tu seras aussi rédacteur dans un webzine spécialisé.

Mais le plus important, Atef, c'est que dans quelque temps tu te mettre à écrire une courte nouvelle de fiction. Tu le feras un peu pour rigoler, tu la termineras et tu ne jugeras même pas nécessaire de la faire lire à ton entourage ou à tes amis. Et bien cette nouvelle sera la première d'une longue série, Atef. Au moment où je te parle, je suis en train de finaliser le draft de ton tout premier recueil de nouvelles et je suis en train d'écrire le deuxième. Sans déconner. Alors surtout, surtout ne laisse pas tomber et continue à tout prix, même si ça te semble nul à chier. Tu seras étonné de voir ce qu'il sortira de ton clavier. Ouaip, on a encore des claviers dans mon espace-temps.

En bref Atef, ce que je veux te dire c'est ça: Ton calcul est faux. Le futur ne compte pas, seul l'instant présent vaut la peine d'être vécu pleinement. Arrête de te compliquer la vie, apprends à t'amuser, à ne pas penser et à prendre tout au sérieux, la vie est faite de surprises que tu ne soupçonnes pas et le hasard aime plus que tout se jouer de nos pronostics. La preuve, tu as fini par faire un truc que tu détestes à mort pour un salaire qui n'est pas fameux. Quitte à crever la dalle, autant le faire en exerçant ce qui te botte le plus: Les Arts. Pour moi il est déjà trop tard, je suis bien casé et je ne me plains pas, mais il est souvent très difficile de vivre avec des regrets. Alors que toi, tu as encore une chance. N'hésite pas frérot!

Bon allez ma poule, Chronos me demande d'arrêter de déconner et de rentrer chez moi. C'était sympa de t'avoir parlé. J'aimerai bien savoir ce que tu as fini par choisir, mais je sais que de toute façon tu assumeras comme un grand.

Adios, Compadre.


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