De la ''Foire Nationale du Papier & Friends''
1lundi 5 novembre 2012
De la ''Foire Nationale du Papier & Friends''
Grosse célébration au Kram à l'occasion de la 29éme session de la foire ''internationale'' du Livre de Tunis. La célébration de la médiocrité. Médiocrité dans le contenu avant tout, mais ce n'est pas une surprise. Depuis 10 ans au moins, cette foire du livre a perdu tout son sens et tout son éclat à mesure qu'elle s'est glissée lentement mais surement vers un terrain convenu et aseptisé, ou le Livre, est passé en second plan au profit du simple papier, du torchon et des brûlots sans intérêt autre que de renflouer le tiroir-caisse.
La qualité a rapidement déserté ce lieu, autrefois grande messe des amoureux de la lecture, du savoir et de la culture en général. A la place, du Fast-food (ou du Fast-read) comme de concordance avec les temps qui courent avec des lectures immédiates, sans consistance, vite consommées et encore plus vite oubliées: Des inévitables livres de cuisine (une quantité industrielle de toutes les spécialités, de tous les pays et de tous les formats... la famine dans le monde n'a qu'à bien se tenir) à la ribambelle de livrets des ''How-to''de troisième zone et de piètre facture: l'art de se maquiller, Comment perdre son bide en 10 étapes faciles, L'explication des rêves, comment soigner votre calvitie en 48 heures, votre horoscope en détail et j'en passe et des (pas) meilleures... Pas vraiment besoin de faire une liste, vous les connaissez bien parce que vous les voyez de toute façon tous les jours, hors de l'enceinte du parc d'expositions, plus exactement dans les ruelles de la capitale, sur les marches d'escalier de la place barcelone ou sur les pavés crasseux de Bab Saadoun. Cela vaut aussi, bien évidemment, pour les innombrables stands des livres religieux qui sont légion mais qui, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, étaient déjà présents depuis 4 ans au moins dans les rayons de la foire. Des tonnes d'exemplaires de Coran dans tous les formats, des mètres carrés de guides pour donner envie d'étreindre notre belle religion comme: عذاب القبر، علامات الساعة، ويل الكافرين يوم الحساب... avec illustrations à l'appui bien évidemment. Et avant de vouloir me crucifier pour ces 5 précédentes lignes (parce qu'il y a des gens qui ne retiendront de cet article que ce que j'ai dit plus haut), je signale que ce que je reproche à ce genre de stands est la même chose que je regrette dans les autres étalages: La piètre qualité du contenu et le fait que je n'ai vraiment pas besoin de venir à une messe qui se veut internationale pour trouver la même offre que je trouve très facilement (et sans le vouloir) ailleurs. Cette année par contre, le mauvais gout à été jusqu'à proposer des stands avec du بخور ، وشق، بارفان صبة mais aussi كاسات متع حمام , rien que ça. Vive la liberté.
Depuis des années déjà, visiter un stand à la foire, c'est les visiter tous. Le mot d'ordre est la conformité: les mêmes livres sont exposés partout ailleurs, avec la même remise (qui soit dit en passant est un comble de ridicule, vu les prix parfois limite prohibitifs de certains ouvrages). Pas étonnant que de plus en plus de grandes librairies boycottent cette manifestation et proposent leur propres ''foires'' avec remises à la clé pour un choix parfois supérieur, à l'instar de la Librairie Al Kitab, Clairfontaine (qui ne vient au Kram que pour présenter ses livres édités par Elyzad) ou encore El moez/ culturel (quoi que cette année, cette dernière est venue présenter ses livres, et pas vraiment les meilleurs).
Tout ce carnaval dure déjà depuis longtemps, certains ont pourtant cru qu'avec cette session, révolution oblige, la donne serait changée et l'on aurait peut être un regain de vitalité pour une manifestation qui en a bien besoin. Pas moi. Et j'ai eu raison. J'ai même trouvé que cette session était, pour une fois, en parfait accord avec ce gouvernement actuel: Tous deux suintent la médiocrité et l'inculture par tous les pores, spécialement avec ce zeste de religionnisme opportuniste et surtout avec ce manque total d'organisation (autre constante de la foire) et de propreté dans les rayons. Manque d'éclairage, pas de climatisation, aucune indication autre qu'une pancarte en caractère patte de fourmi à l'entrée et cette odeur de la buvette qui pue l'escalope grasse et la caféine bon marché, sans oublier les cartons vides et le papier froissé qui jonchent les dalles de l'enceinte comme pour faire écho à la déréliction ambiante, là au dehors. Rien de bien nouveau sous le soleil...
Si je voulais faire dans la nostalgie façon ''papy fait de la résistance'' je vous aurais parlé des années de gloire de cet évènement que je visite assidûment depuis les années 90, ou les 3 salles d'expositions étaient pleines à craquer, ou le mot ''international'' prenait tout son sens, avec des mangas japonais qui côtoyaient les Bd's belges et françaises, ou les classiques de la littérature anglo-saxonne (les vraies, pas celles traduites en arabe par le premier manchot venu) se mêlaient à ceux des plus grands écrivais arabes pour le bonheur de tous et surtout ou le temple des temples, le stand des روايات مصرية للجيب existait encore et que je ne quittais plus pendant au moins une heure, sous le regard désapprobateur de mon père. J'aurais pu vous en parler longuement, mais le coeur n'y est plus: Comme chaque année, je dois me rendre à l'évidence: Cette Foire Internationale du Livre de Tunis est devenue depuis très longtemps une farce, rien de moins et ce n'est pas demain la veille que ça va changer.
ps: je viens d'apprendre à l'instant l'annulation de la conférence que comptait donner l'écrivain Yasmina Khadra. Son communiqué précise que la cause serait due à la censure du film tiré de son roman ''Ce que le jour doit à la nuit'' par les autorités tunisiennes.
Sans commentaires.
Depuis des années déjà, visiter un stand à la foire, c'est les visiter tous. Le mot d'ordre est la conformité: les mêmes livres sont exposés partout ailleurs, avec la même remise (qui soit dit en passant est un comble de ridicule, vu les prix parfois limite prohibitifs de certains ouvrages). Pas étonnant que de plus en plus de grandes librairies boycottent cette manifestation et proposent leur propres ''foires'' avec remises à la clé pour un choix parfois supérieur, à l'instar de la Librairie Al Kitab, Clairfontaine (qui ne vient au Kram que pour présenter ses livres édités par Elyzad) ou encore El moez/ culturel (quoi que cette année, cette dernière est venue présenter ses livres, et pas vraiment les meilleurs).
Tout ce carnaval dure déjà depuis longtemps, certains ont pourtant cru qu'avec cette session, révolution oblige, la donne serait changée et l'on aurait peut être un regain de vitalité pour une manifestation qui en a bien besoin. Pas moi. Et j'ai eu raison. J'ai même trouvé que cette session était, pour une fois, en parfait accord avec ce gouvernement actuel: Tous deux suintent la médiocrité et l'inculture par tous les pores, spécialement avec ce zeste de religionnisme opportuniste et surtout avec ce manque total d'organisation (autre constante de la foire) et de propreté dans les rayons. Manque d'éclairage, pas de climatisation, aucune indication autre qu'une pancarte en caractère patte de fourmi à l'entrée et cette odeur de la buvette qui pue l'escalope grasse et la caféine bon marché, sans oublier les cartons vides et le papier froissé qui jonchent les dalles de l'enceinte comme pour faire écho à la déréliction ambiante, là au dehors. Rien de bien nouveau sous le soleil...
Si je voulais faire dans la nostalgie façon ''papy fait de la résistance'' je vous aurais parlé des années de gloire de cet évènement que je visite assidûment depuis les années 90, ou les 3 salles d'expositions étaient pleines à craquer, ou le mot ''international'' prenait tout son sens, avec des mangas japonais qui côtoyaient les Bd's belges et françaises, ou les classiques de la littérature anglo-saxonne (les vraies, pas celles traduites en arabe par le premier manchot venu) se mêlaient à ceux des plus grands écrivais arabes pour le bonheur de tous et surtout ou le temple des temples, le stand des روايات مصرية للجيب existait encore et que je ne quittais plus pendant au moins une heure, sous le regard désapprobateur de mon père. J'aurais pu vous en parler longuement, mais le coeur n'y est plus: Comme chaque année, je dois me rendre à l'évidence: Cette Foire Internationale du Livre de Tunis est devenue depuis très longtemps une farce, rien de moins et ce n'est pas demain la veille que ça va changer.
ps: je viens d'apprendre à l'instant l'annulation de la conférence que comptait donner l'écrivain Yasmina Khadra. Son communiqué précise que la cause serait due à la censure du film tiré de son roman ''Ce que le jour doit à la nuit'' par les autorités tunisiennes.
Sans commentaires.
Category Books
Ah ce que je te comprends :D
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